Quel est l’engagement de nos salariés dans le projet de l’entreprise ?
Vaste débat !
Les trente-cinq dernières années ont impulsé une évolution importante du sens du travail :
• Le 22/05/1981, André HENRY devient Ministre du « Temps Libre »,
• Le 19/01/2000, la Loi 2000-37 (Loi dites AUBRY 2) institut une baisse conséquente de la durée légale du travail (-11%).
• La CGT et certains personnages politiques (C. TAUBIRA, JL. MELENCHON notamment) militent pour le passage à 32 heures.
• Les débats sur la Loi « Travail »…
Le chômage de masse a également un impact important sur la place du travail dans la vie.
Selon Hélène GARNER et Dominique MEDA , le métier est la seconde composante essentielle de l’identité de l’individu.
Ce même article montre que pour les actifs occupés, il est deux fois plus important (54 % des répondant l’on cité dans les 3 critères les plus importants) que pour les chômeurs (27%)
La rupture générationnelle semble également être un « phantasme ». Selon Jean PRALONG, qui a mené une enquête sur le sens du travail pour la génération Y , « Les résultats montrent que les schémas cognitifs des salariés de la « génération Y » ne diffèrent pas de ceux des membres de la génération précédente » .
Alors comment faire pour que nos collaborateurs soient « investis » dans l’entreprise et dans son projet ?
Je ne redévelopperai pas ici l’ensemble des outils de motivation de nos équipes (sens du travail, reconnaissance, délégation, évolution, …).
Mais il me semble que cela ne suffit plus.
Les meilleurs de nos collaborateurs doivent pouvoir se comporter comme des « entrepreneurs » !
Mais ils doivent entreprendre au sein de nos entreprises …
Le concept d’intrapreneuriat apparait en 1976. Il est définit par Ginford PINCHOT.
Bostjan ANTONICI & Robert D. HISRICH définissent : « L’intrapreneuriat est un processus qui se produit à l’intérieur d’une firme existante, indépendamment de sa taille et qui ne mène pas seulement à de nouvelles entreprises, mais aussi à d’autres activités et orientations innovatrices, tels que le développement de nouveaux produits, services, technologies, techniques administratives, stratégies et postures compétitives. »
Il consiste à mettre en œuvre une organisation tendant à inciter certains salariés à prendre en charge la réalisation d’un objectif, en prenant toutes les décisions nécessaires à cet aboutissement.
Il peut s’agir du lancement d’un nouveau produit, d’un nouveau point de vente, d’une filiale, de la conduite d’un chantier, d’un segment de clientèle.
Véronique BOUCHARD et Alain FAYOLLE, professeurs à EM LYON, expliquent qu’il s’agit de mettre en place des « espaces d’autonomie » , « la mise en place procédure d’évaluation et d’accompagnement formalisées », « l’intensification des échanges, et de la communication », la mise en place de systèmes d’incitation ».
L’intrapreneur prend toutes les décisions opérationnelles en « toute liberté ».
La liberté d’action est toutefois « encadrée ».
En amont de la mise en œuvre du projet, les livrables (à quoi le projet doit-il aboutir ?), et les budgets (combien doit-il rapporter ? combien peut-il couter ?) sont définis très exactement avec le dirigeant et deviennent « contractuels ».
L’intrapreneur rend des comptes réguliers à son « client » (son dirigeant) sur l’avancement du projet, sur le respect des livrables (délais, couts, revenus générés). Par contre, il ne rend pas de compte de ses décisions, dès lors que celles-ci ne remettent pas en cause la légalité et le respect de l’éthique. Le cadre éthique peut d’ailleurs être lui aussi contractualisé. (quelles valeurs le projet doit-il respecter ?)
La mise en place de tableaux de suivi (tableaux de bord), permet au dirigeant de suivre l’évolution, et à l’intrapreneur de piloter son projet.
Les données de suivi du projet (prévisions et réalisations) sont connues des différentes fonctions de l’entreprise, qui participent à la veille.
Exemple : le service financier sait que les dépenses publicitaires du projet ne doivent pas dépasser X K€, et il informera le dirigeant et l’intrapreneur de l’écart entre dépenses publicitaires engagées et dépenses publicitaires budgétées.
Ce processus a un DOUBLE EFFET BENEFIQUE :
• Il transfère les décisions opérationnelles, quotidiennes et immédiates à l’intrapreneur, et dégage donc du temps au dirigeant pour réfléchir au futur de son entreprise.
• L’intrapreneur est investis dans le projet de développement de l’entreprise. Il n’a plus besoin d’autres stimuli. Sa « mission » (le sens du travail – à quoi sert mon travail ?) devient le principal ressort de sa motivation.
Essayez ! Vous verrez…
Thierry ERB - Consultant novembre 2016
Article – « Comment mettre en œuvre l’intrapreneuriat ? » - Véronique Bouchard et Alain Fayolle (HEC Montréal – Gestion – volume 36)
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